THRU SANDHYA, Mémoire de l’eau 2

2012 – 2019

Le projet se concentre sur le thème de la « mémoire de l’eau ».
La théorie de la « mémoire de l’eau » a été proposée pour la première fois par Jacques Benveniste en 1988, puis reprise par Emilio del Giudice et Luc Montagnier, lauréat du prix Nobel. Plus précisément, elle étudie la capacité réceptive et mnémonique de l’eau et repose sur l’hypothèse qu’elle est capable de recevoir et de stocker des fréquences d’ondes générées par des événements et des mouvements qui l’ont affectée tout au long de l’histoire.

Thru Sandhya est le résultat de longues recherches d’Ivana Boris, qui a vécu expéditions et traversées des mers européennes et de l’océan Atlantique Nord, dans le but d’expérimenter directement le pouvoir révélateur de l’eau de mer et de capturer ainsi ce qu’elle pourrait transmettre à qui est prêt à l’observer et à l’écouter.

Les photographies de ce projet ont pour protagoniste le mouvement de l’eau de mer expérimenté par Ivana Boris : ce mouvement, tantôt plus doux, tantôt plus violent, n’a jamais été vécu passivement par la plasticienne, à tel point que ses prises de vue révèlent comment ce mouvement a été délibérément suivi, soutenu, équilibré et fait sien.

L’eau de mer joue un rôle prépondérant tout au long du projet et s’accompagne d’autres éléments que l’artiste inclut dans le champ de son objectif pour exprimer son sentiment d’appartenance à une dimension qui transcende les possibilités humaines et à laquelle elle participe. Ainsi, les clichés de la série Thru Sandhya traduisent l’adhésion totale d’Ivana Boris à un monde en perpétuel mouvement et à un équilibre de forces, visibles et invisibles, dans lesquels elle s’immerge et auxquels elle se sent pleinement appartenir. L’expérience des sujets vécue de l’intérieur et l’implication sensorielle et émotionnelle typique des photographies d’Ivana Boris trouvent de nombreux points de rencontre avec les atmosphères denses, presque palpables, caractéristiques des tableaux de Joseph Mallord William Turner, peintre anglais dont Ivana s’est souvent inspirée.

Maddalena Mazzocut-Mis (en collaborationn avec Marina Conte), 2018
Ordinario di Estetica. Dipartimento di Beni Culturali e Ambientali – Universita degli Studi di Milano
Extrait de texte du site Authclick

Marcher sur les côtes, le long des falaises d’îles battues par le vent et la mer en tempête. Destin indistinct. Naviguer. Loin des rivages, en Méditerranée et dans l’Océan. Le voilier quitte son poste d’amarrage et abandonne le bruit et la lumière artificielle de la terre ferme. Sa seule référence est la ligne d’horizon. Alors seulement la conscience s’ouvre, se projetant à l’infini, en percevant une vérité possible qui exige forme et silence.
Le négatif, la photographie, sont pour moi la réponse naturelle et inconditionnelle à cette expérience. Profil de mon voyage dans le monde, je suis l’espace vital à travers lequel interpréter, image après image, la mémoire collective dont je suis témoin.
La mer est le sillon du mouvement humain ; le bateau l’histoire de la conquête et de la recherche. Le commerce, les esclaves, les pirates, les émigrants sont les personnages de cette histoire, du récit d’amours et de séparations, de fantômes et de monstres qui se dessinent dans ma perception, pour disparaître un instant après. Des images de terres lointaines, d’obscurité et de lumière qui délimitent énigmatiques l’absolu inconditionnel de l’existence.
Thru Sandhya est un ancien mot sanskrit, moment de transition entre le jour et la nuit, instant de symbiose avec les éléments, réflexion et pensée sur l’état des choses. Thru Sandhya est une réponse possible pour l’âme, une invitation à ressusciter du fond de la mer, à retrouver air, rythme, souffle.
Épiphanie. Être là, pas ailleurs, transportés, en transit, transformés. Et enfin comprendre.

Ivana Boris