Sentinelle(s) de Lumière

2021 – 2022

Seule sur l’île…
L’île Wrac’h – « l’île sorcière en breton » – magicienne, fée, incarnation d’Ana déesse Mère des eaux, maîtresse des métamorphoses, garde des mondes secrets :

une spiritualité inscrite dans le paysage
la mer, l’océan, berceau originel de la vie sur Terre
le phare comme sentinelle, lanceur d’alerte

Le travail photographique que je propose est lié aux éléments naturels visibles et invisibles. Ce projet artistique est particulièrement lié au thème de la lumière au sens physique et spirituel ; la lumière incarne l’idée que l’homme, dans son cheminement personnel navigue entre la perte et le retour de repères intérieurs, en équilibre entre ombre et lumière.

J’ai commencé à travailler sur le thème de l’orientation des oiseaux et de l’orientation en mer aux îles Féroé, puis sur les côtes du sud-ouest du Pays de Galles. Le temps passé à la maison-phare de l’île Wrac’h, lors de ma résidence d’artiste, m’a permis d’observer et de prendre encore plus conscience de la richesse et de l’harmonie que Terre-Mère nous offre, si on est capable de la laisser parler et de prendre le temps de l’écouter.

Ce lien ancestral, cosmique que je ressens en regardant le monde à travers le viseur de l’appareil photographique a eu sur l’île une résonance encore plus forte sur moi. Habiter sur l’île, sans pollution lumineuse m’a permis de sentir et vivre le paysage de nuit. Au fur et à mesure que les jours et nuits passaient, j’ai senti en moi-même un flux lumineux en mouvement avec tout ce qui m’entourait : la lumière des étoiles, le reflet de la lune et du soleil sur la mer, les feux à éclats et les faisceaux lumineux des phares, les points des balises en mer, la marée…

La simplicité des lieux ramène à l’essentiel : les aubes et les couleurs, le vent et la tempête, les feux et le silence.

En échangeant avec le commandant Jean-Pierre Vernier, rencontré lors de la traversé de l’Océan Atlantique en janvier 2014, à bord de la goélette Rara-Avis de l’association AJD basée à l’Aber Wrac’h, Finistère, j’ai compris que chaque phare a son signal et son identité propre mais qu’il fonctionne aussi avec d’autres signaux qui ne font sens que comme un ensemble. Le phare de l’île Wrac’h a un feu scintillant rouge à éclat toutes les 1,2 secondes ; sa distance d’aperçu est de 7 milles. Sa lumière est en relation également avec les autres phares qui l’entourent. L’alignement au 100,1°avec le phare de Lanvaon, le sommet du clocher de Plouguerneau et les deux feux de Landéda, signalent l’entrée du grand chenal et du port de l’Aber Wrac’h ; une information essentielle pour les navigateurs. Anciennement, le gardien assurait l’allumage et l’entretien de son phare, la surveillance maritime et la visibilité de façon à pouvoir donner l’alerte. En effet, dans chaque fenêtre de la maison-phare de l’île Wrac’h on peut surveiller le fonctionnement des autres phares et balises.

Ivana Boris, 2022

48°36’53’’ N, 4°34’33’’ O
Maison-phare de l’île Wrac’h, Finistère. Bretagne
Résidence d’artiste : 35 jours, 34 nuits
26 février – 12 mars 2021
10 février – 4 mars 2022
Exposition personnelle : 30 juillet – 31 août 2022